L’équitation, un soin ?

L’équitation peut -elle être considérée comme une technique de soin à proprement parlé ?

Pour certains, cela va sans dire, entre le maître Oliveira qui parle de l’épaule en dedans comme l’aspirine de l’équitation, quand je vois également Emilie Haillot qui a transformé physiquement et émotionnellement Kelso au travers leur relation et son travail gymnastique et bien d’autres.

Mais, l’équitation est un soin pour qui ? A l’esprit, ce qui me vient, c’est que c’est l’un des soins qui impacte autant le soignant que le soigné. Mais qui est le soignant et qui est le soigné ? Je crois, de mon point de vue, que les deux protagonistes peuvent se définir soignant et soigné. Pour toi qui me lit, c’est peut-être une évidence, ou bien une hérésie.

Je ne fais qu’observer l’impact que l’équitation a sur moi, l’impact que l’équitation que je propose à sur les cavaliers et sur les chevaux. Partie de ce postulat, j’ai envie de te partager ce qui me fait dire ça.

Mes chevaux ont eu l’affront de m’amener sur un chemin plus que parallèle, celui qui amène le cavalier à se poser des questions, à se former grâce aux multiples pro qui ont entrepris de former et informer chaque propriétaire pour les responsabiliser encore plus face à notre impact sur les chevaux, celui qui amène à tester des techniques plus que subtiles … Tout le long de ce processus où ma recherche active était celle de la santé de mes chevaux tout en marchant sur le chemin de mes objectifs, je n’ai pas vu tout de suite à quel point cela m’avait transformée. Sous couvert de leur bien-être et de respecter les valeurs qu’ils ont élevé en moi, sous couvert d’avoir bonne conscience et poursuivie aussi par cette soif inextinguible de comprendre, j’ai gagné en connaissance de moi-même, en finesse dans mes perceptions et dans ce que j’émets, en conscience dans les actes et les choix que je pose, en dépassement de moi aussi faut bien le dire ! Mais comment en suis-je arrivée là ?

Parce que l’équitation, les rêves qu’elle éveille en moi, l’amour que les chevaux font émerger de moi envers eux fait que tous les sacrifices deviennent possibles, surmontables du moment qu’ils vont dans la direction du mieux être pour ces animaux dont je me sens responsable. Et faisant partie de leur environnement, il est venu un temps où j’ai du appliquer mes croyances, et prendre aussi soin de moi car nous impactons fortement leur qualité de vie, au -delà des choix de vie que nous leur proposons, par notre simple présence, par ce que l’on dégage, ils ont un impact sur nous comme nous sur eux.

Animée, toujours aujourd’hui, par le besoin de révéler toute la beauté de mes chevaux, qui passe pour moi par le dressage, ou plutôt par la danse en 3 dimensions qui amène à l’élévation optimale de l’être, je suis convaincue plus que jamais que cela ne passe pas par la technique pure, ça ne passe pas plus par le formatage scrupuleux du duo. Ca passe par ce que j’assimile à une danse de salon maîtrisée, en couple, où les mouvements expriment et génèrent des émotions, les mouvements élèvent les perceptions et les pensées, où la relation sublime l’autre. Une jolie réplique de film m’a interpelée la semaine dernière : la prof de danse dit à l’homme du duo,  » Tu es le cadre, et je suis la peinture. Le cadre est là pour mettre en valeur la peinture ». Cela m’a fait écho à un échange avec un écuyer il y a quelques années. Il me demande si, sur ce petit lusitanien il ne semble pas trop grand, en terme de gabarit. Je lui réponds :  » non, on ne voit que lui ( le cheval) ». Et il me répond :  » c’est le plus beau compliment que l’on puisse me faire ».

L’équitation, quelle que soit celle que l’on pratique, à mon sens, est, comme la danse, une discipline de corps, d’esprit, d’émotions, d’énergie et de relation. J’observe qu’en balayant l’une de ces dimensions ( indubitablement reliées en continu entre elles à tout instant pourtant ), on se coupe de la thérapie la plus nourrissante qui soit ( pour qui est passionné par les chevaux j’entends ). Beaucoup le clame haut et fort, pour être connecté au cheval, il semble essentiel de se connecter à soi, sur toutes les dimensions. Monter à cheval seulement avec sa tête, ou seulement avec son corps, faire fi de la qualité de la relation, ou de nos émotions, comme de celle du cheval ne fait que ralentir le processus, ralentir le chemin vers nos objectifs. Il va de soit que cela dépend un peu de nos objectifs. Si mon objectif est de vivre avec mes chevaux sans travailler avec eux ( bien qu’il soit loin de ne rien se passer là aussi ), il ne sera pas autant nécessaire d’investir chaque dimension. Mais que l’on aspire à développer la locomotion de son cheval, que l’on souhaite randonner librement avec son cheval ou que l’on aspire à avoir une relation harmonieuse et complice, pour moi, cela passera par l’exploration de chacune de ces dimensions pour la simple et bonne raison qu’elles sont étroitement imbriquées les unes avec les autres. Je ne vous apprend rien, les émotions impactent votre corps, nos relations avec l’extérieur impactent nos pensées, nos émotions, nos comportements, on n’apprend jamais mieux qu’avec un enseignant bienveillant et pédagogue …

Et c’est là que je pense que le soin a toute sa part dans l’équitation. En apprenant à être le meilleur humain possible pour nos chevaux, on fait bouger leurs lignes, autant qu’ils font bouger les nôtres.

L’équitation peut devenir, si nous le choisissons, une source de décontraction, de libération, d’équilibre, d’épanouissement, de dépassement, pour nous, comme pour le cheval. Je prends chaque jour un peu plus conscience à quelle point la vie peut avoir un impact délétère entre les multiples pollutions extérieures, entre les dysfonctionnements internes, le  » terrain » métabolique et/ou émotionnel, les traumatismes passés ( qui laissent parfois longtemps après leurs traces ), et je crois profondément que l’équitation, au même titre que l’ostéopathie, l ‘acupuncture et le shiatsu, le magnétisme, la naturopathie …etc a son rôle à jouer dans notre santé et celle de nos chevaux, et pas seulement par le seul fait de mettre en mouvement. Le travail sur la respiration, la posture, le langage corporel, le timing, la légèreté, les mouvements quasiment inspirés du yoga, … ne sont en réalité que des outils de rééquilibrage, de relaxation et de bien-être.

Et vous, qu’en pensez-vous ?


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